79 naufragé-es de trop en Méditerranée

Dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin 2023, le naufrage d’un bateau de migrant·es a fait au moins 79 mort·es en mer Ionienne, au large de la Grèce. Ce bilan pourrait toutefois gravement s’alourdir, alors que seule une centaine de passager·es ont pu être secouru·es, que des décomptes initiaux ont fait état de 400 passager·es et que des rescapé·es ont assuré avoir été au moins 750 personnes à bord, dont une centaine d’enfants. 

Aux portes de l’Europe, la Grèce a connu de nombreux naufrages d’embarcations de migrant·es vétustes et surchargées. Il s’agit cependant du bilan humain le plus lourd depuis celui du 3 juin 2016 (320 personnes décédées ou disparues).

L’embarcation aurait été repérée par un avion de l’Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex) mardi après-midi, sans intervenir et alors même que les autorités auraient dû intervenir plus tôt, selon Médecins sans frontières. « Ils les ont laissés mourir, » s’indignait Nawal Foufi, bénévole pour la ligne de téléphone d’urgence Alarm Phone, tandis que Libération titrait sa une “Leur cimetière.” L’agence européenne « s’est déjà fait épingler notamment dans cette zone-là en Grèce pour avoir organisé avec la Grèce des refoulements tout à fait illégaux de demandeurs d’asile vers la Turquie« , selon Jérôme Tubiana, responsable du plaidoyer migrations à Médecins sans frontières. 

EELV rappelle que l’établissement de corridors humanitaires dans les situations de crise et la construction de voies sûres et légales en toutes circonstances sont les seules solutions capables de garantir la sécurité physique des personnes. L’assistance aux personnes en détresse en mer est, non seulement une obligation au regard des engagements internationaux mais, de surcroît, cohérente avec les valeurs européennes humanistes. 

De fait, nous dénonçons tant la suspension de son déploiement de bateaux par l’Union européenne en 2019, que l’externalisation – à grand renfort d’argent public – de la gestion des frontières. Enfin, nous rappelons que l’asile est un droit des personnes et un devoir des États. 

Selon les chiffres de l’OIM, 1 166 personnes seraient déjà décédées en Méditerranée depuis le 1er janvier 2023 : cela représente une mort toutes les 3 heures, 25 minutes et 1 seconde, une horloge macabre qui n’est pas une fatalité mais le fruit de choix politiques.

Face au pire naufrage depuis 2016, Europe Écologie-Les Verts exprime toute sa solidarité avec les victimes, ainsi que leurs proches. Les écologistes dénoncent également avec force la xénophobie systémique et l’absence de réponse à la crise de l’accueil, responsable de ce drame de trop. Si nous ne changeons pas urgemment de politiques migratoires européennes pour un accueil inconditionnel, ce sont nos valeurs qui feront naufrage avec les personnes exilées.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole
La commission Immigration d’EELV